ien d’étonnant à ce que le personnage principal de mon premier livre, La Cigogne de Noël, ait été un oiseau migrateur: j’appartiens à la même espèce grand voyageuse. Maintes fois j’ai survolé l’Océan Atlantique dans les deux sens. Un auteur met toujours beaucoup de soi dans son travail, de souvenirs et de choses restées longtemps inconscientes. C’est un cheminement personnel parsemé d’expériences et de rencontres. Voici ce qu’il en est pour moi : je suis née aux Etats-Unis de parents américains d'ascendance québécoise. D’où mes prénom et nom Jeanne Belanger, que mes parents prononçaient à la française.

Mes frères et ma soeur me racontent que je pouvais rester des heures assise en rêvant devant la fenêtre. Personnellement, je me rappelle ces autres merveilleux moyens d’évasion qu’étaient les livres dont on me faisait cadeau, en particulier ceux illustrés par Jessie Willcox Smith. Ce sont ces livres qui m’ont donné envie de devenir écrivain et illustratrice à mon tour. Je m’y suis mise assez tôt: un jour, en fouillant dans mes affaires, j’ai retrouvé un livre que j’avais confectionné à la main à l’âge de 12 ans. C’était ma version illustrée du poème de Robert Louis Stevenson, Travel.

Mon père travaillait chez Chrysler comme ingénieur en matériaux et en rapportait parfois des tissus, du matériel de modelage et des magazines. Je les gardais précieusement pour faire des découpages, fabriquer des vêtements et des maisons de poupées et, plus tard, créer des collages et des compositions décoratives pour l’école.
Le Michigan est une région riche en forêts et en lacs. J’adorais - et je continue d’adorer- ses rituels saisonniers, la rentrée des classes, le flamboiement de l’été indien, la neige et son silence, le patinage à glace et les sapins de Noël en pleine nature, les oeufs de Pâques peinturlurés, les premiers pique-niques au bord de l’eau.